7 mai 2015

Ô miroir

Des facettes et des reflets, voilà ce que nous sommes.
Des personnages grotesques.

Je n’aime pas l’idée qu’on se fait de moi, l’image que je projette, la plupart du temps. Parce que ce n’est pas moi. Ce n’est pas ce que je couche sur papier. On m’imagine gentille ou glaciale, drôle ou arrogante. On ne me pense même pas timide. C’est juste n’importe quoi. Je n’arrive pas à comprendre que ces facettes soient réelles. Je ne veux pas que ça fasse partie de moi. C’est un visage d’hypocrite, un sourire tellement rodé qu’il n’est plus forcé, c’est du bonheur en éprouvette, une façade enivrée, des masques protecteurs.

Ce que je déteste le plus, c’est quand on me décrit, quand on me colle ces qualificatifs fantasques aux basques, quand on juge mon comportement, quand on donne un fond de vérité, blessant, affligeant. Surtout quand ce sont des personnes que je connais depuis longtemps ; elles me regardent plus grandir, elles se contentent de se baser sur ce qu’elles savent de moi, me rabaissent à un caractère antérieur, me rappellent que trop les erreurs passées. Et en plus, elles le communiquent à leur entourage, maculent ma page blanche, mes tentatives de changement, de nouveau départ.

J’ai horreur de voir que, on a beau travailler sur soi, c’est toujours la même chose, jamais rien ne s’efface, tout est immuable. On a beau chercher à évoluer, quelqu’un s’évertuera toujours à nous tirer en arrière. Donneurs de leçon qui vous accusent au moindre faux-pas, vous demandent de songer aux conséquences de vos actes, sans même appliquer ce conseil à leur propre comportement.

Les gens sont tous les mêmes.
Ils demandent toujours plus de considération pour leur petite personne en s’imaginant qu’ils le font eux-mêmes, alors que ce n’est pas le cas. Ils vous demandent de vous mettre à la place des autres, mais n’appliquent pas la réciproque. On vit dans un monde terriblement égocentrique, et tout le monde prétend le contraire.

Quand les gens réaliseront que, dans leur entourage, personne n’est comme eux, que certains manquent de confiance en eux, sont timides, et travaillent dur au quotidien ne serait-ce que pour sortir de chez eux, quand vous vous rendrez compte que s’acharner sur ces gens-là ne les aident pas (et qu’un « rien » peut passer pour de l’acharnement), quand ils accepteront enfin qu’ils sont blessants et insultants, à chaque fois, alors peut-être cesseront-ils eux aussi de répéter les mêmes erreurs.

Tout cela, en admettant, bien sûr, que ça leur importe.

Là est toute l’ironie de la chose. Pourquoi se donneraient-ils cette peine ? Ils s’en fichent probablement. Ce n’est pas de leur faute si d’autres sont susceptibles ! Ils sont comme ils sont, francs, spontanés et bien intégrés, alors pourquoi devraient-ils se soucier des répercussions de leurs actes ? Leur vie continue. Il y a ceux qui vous ignorent, ceux qui font comme si rien ne s’était passé, ceux qui se campent sur leurs positions étriquées, et ceux qui oublient.

Et le pire, dans cette affaire, c’est que je ne vaux guère mieux.
Je fais les mêmes choses.

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