28 juil. 2012

At the begining we were made of Chaos

Le Chaos.
La matière s’y entrelace dans un ballet suave. L’énergie tournoie, tourbillonne, attire et repousse. Les volontés s’y entremêlent puis se séparent, dissimulées sous leur manteau de brume. Aveugles, ils tremblent et tâtonnent, rampent et feulent. Se perdent. L’errance est si vite trouvée, humide et sans fin, dans ce brouillard de mystère, palpable, ondin et aérien, brûlant et glacial.
Le Chaos n’a pas d’odeur, juste une présence suffocante, une mère possessive qui agrippe jusqu’à ce que le souffle vous manque, un poids constant. Le Chaos n’émet aucun son mais les créatures oniriques qui y dérivent vous poursuivent de leurs lamentations sereines. Mais le Chaos est présence, consistance, et c’est ainsi que tous ceux qui sont originaires de cet endroit se reconnaissent ; il laisse une marque indélébile sur ses créatures, y appose son sceaux, ses mystères, il enveloppe de son souffle et possède.
Les consciences défilent, aléatoires, certaines silhouettes dotées d’une forme véritable, d’autres simple mirages de songes oubliés. L’interminable valse ballotte les âmes, certaines se rencontrent et, ensemble, trouvent la force de se forger un corps.
Prendre forme, aspirer l’énergie pure qui virevolte pour la faire sienne. Agglutinée, condensée, voilà que les Enfants du Rêve se débattent, s’étirent, se rencontrent. Deviennent volonté, s’empreignent d’un leitmotiv inexplicable, d’un besoin de liberté, un instinct nouveau.
Sortir, crever la surface du brouillard pour commencer à exister.
Enfin, les créatures s’extirpent et le monde, désolé, se dévoile à leurs yeux. L’horizon, ligne fascinante, intime au voyage et à la découverte ; la solitude tourbillonnante du chaos la quitte peu à peu pour laisser place à une nouvelle expectative, de nouvelles craintes… Car elles viennent de quitter la protection du giron maternel pour affronter l’inconnu.
Les consciences chimériques vacillent au contact de l’air si léger en comparaison à l’haleine du Chaos. De simples petites flammes, voilà ce qu’elles sont ; encore instables et craintives, elles découvrent leur propre existence, réalisent qu’elles pensent, songent, rêvent, sont véritablement palpables. Un frisson les parcourt à mesure que le poids de la vie s’impose à elles, léger, vertigineux, angoissant, et certaines sont tentées de faire volte-face, de replonger dans les brumes épaisses, d’y retrouver la protection réconfortante.
Le Chaos les repousse, les rejette, d’une caresse tendre et amère.
Avancez, curieuses chimères, car déjà, la brume du Chaos vous renie. Allez donc, explorez ce monde, foulez-le, humez-le, faites-le votre. Créatures oniriques par excellence, vous n’êtes pas au-dehors pour rien ; mère Chaos vous a sûrement laissées partir à dessein…
Et elle saura vous reprendre le moment venu.


Ceci est l'introduction de l'histoire de l'un de mes personnages, Lyn, remaniée pour les besoins du forum. Vous le trouverez sur Inverness