6 août 2016

Fanny - Charlotte Bousquet

Je connaissais Charlotte Bousquet pour l'Archipel des Numinées. Cela commence à faire un moment, maintenant. Fin du lycée, début de la fac peut-être ? Ce qui m'avait séduit chez elle, c'était sa plume, sa façon de mettre ses personnages à nu, le juste équilibre entre le lyrisme et la brutalité des émotions, le tout dans un univers fantasy riche, fascinant, travaillé.
 
Le temps passe. Les trois livres détiennent toujours une place de choix dans ma bibliothèque. Et puis il y a eu la GrosseOP des éditions Bragelonne. Charlotte Bousquet en faisait partie, agréable surprise... aussitôt suivie par le doute. Comment ? Pas d'univers fantasy ? Intriguée, et toujours charmée par le souvenir de son style, je me laisse tentée malgré tout.
 
Et là, bonheur.
 
Je suis une fois de plus sortie de mon domaine de prédilection, et j'en suis ravie. Fanny m'a plongée dans Paris, décrit à la perfection, du métro aux terrasses. Tout y passe : relents, grisaille, passants, touristes, restaurants, pavés et bords de Seine, on s'y croirait.
 
Mais plus que l'exactitude du contexte, c'est le développement du personnage principal qui m'a bluffée ! Je me suis identifiée à Fanny à de nombreuses reprises. Ses moments de d'allégresse, les moments où la peur lui nouait les tripes, son chagrin et ses réflexions, son désir de s'approprier son propre personnage, de plaire, d'être indépendante et acceptée, ses contradictions... Il s'agit définitivement d'un personnage entier, étudié, attachant, avec ses défauts et ses qualités, loin de tout les clichés qu'on pourrait imaginer pour une jeune femme de 25 ans, comédienne de métier.
 
Pour couronner le tout, on retrouve en plus l'univers de Charlotte Bousquet en fond, notamment l'équitation et les chats...
 
Un récit ancré dans le réel, intense, plaisant, bourré d'émotions, de sensations, avec des ellipses comme je les affectionne ! Avec une jolie leçon de vie par-dessus le marché, que demander de plus ?

Quatrième de couverture :
Fanny revient des États-Unis pour décrocher le rôle de sa vie, celui qui lui permettrait de casser son image de fille sage. De retour en France, elle retrouve sa famille qui ne l'a jamais soutenue. Les choses n'ont pas changé. Fanny renoue avec sa meilleure amie et les deux femmes redeviennent complices comme au premier jour. Pour l'aider à se remettre d'une rupture, Fanny accepte de piéger le mufle qui a brisé le coeur de son amie. La voilà prisonnière de deux rôles au moment où elle rencontre quelqu'un qui pourrait l'aimer pour elle-même.

 
 

29 mai 2016

Mission "Torpiller la PAL" #1

Bon, comme je déménage dans quelques mois, il faut que je fasse un peu de vide… Et cela implique, en premier lieu, de restituer tous les livres empruntés au fil des années à leur propriétaire. Et… Bah ça fait un paquet de livres, l’air de rien. Certains sont là depuis une dizaine d’années. Pourquoi ? Tout simplement parce que la plupart ne font pas partie de mon registre de lecture habituel.

Bref. Je suis donc en plein marathon de PAL, entre des livres à moi, et des livres pas à moi. Je vous fais un petit récapitulatif du mois de mai (pour les lectures que je n’ai pas abandonnées en route) :

• J’ai enfin terminé le Journal d’un écrivain en pyjama dont je vous parlais il y a quelques mois. Autant vous dire que celui-ci, je le garde précieusement !

• Ensuite, je me suis offert quelques romans de Hervé Jubert. Magies Secrètes m’a vraiment emballé, le tome suivant des aventures de Beauregard est le prochain roman sur ma liste perso. Une belle aventure Steampunk, originale, drôle et prenante, que je vous conseille vivement !

Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants, de Mathias Enard, n’est pas du tout, du tout dans mon registre habituel. La dimension historique m’a laissée curieuse : j’avais envie de lire les descriptions de Constantinople vue par Michelangelo. En fin de compte, l’histoire s’est avérée prenante aussi. Les personnages entiers et poétiques sous un style qui n’en donnait pas l’air au premier abord, une intrigue bien menée en fin de compte, nostalgie, souffrance et incompréhension d’une histoire d’amour… Une petite perle que j'ai dû rendre à son propriétaire.

Le plus petit baiser jamais recensé de Mathias Malzieu m’a fendu le cœur. Mais ce bon vieux Mathias me fend toujours le cœur de toute façon. Une drôle de poésie teintée d’espoir et de tristesse, une jolie leçon de vie, comme toujours. Là encore, un livre rendu à son propriétaire.

Avec cela, j'ai tenté trois autres livres, qui m'ont nettement moins emballée et qui sont retournés vivre dans leur maison d'origine. Donc, pour cette mission de mai, j'en suis à 5 livres restitués ! Youpi !

Et sinon, le mois dernier, j’ai lu ce cher Fred Marty, avec le premier tome de Gabriel. Je vous le conseille tout plein. Vraiment tout plein. Une histoire rondement menée, où l’on sent l’influence du jeu de rôle, avec des personnages entiers, un mystère comme il se doit, et un autre monde, sinon, c’est moins fun. Courrez-y, c’est par ici !

13 mars 2016

L'homme qui voulait être heureux - L. Gounelle

Je n’ai jamais été une grande adepte de philosophie. 
En revanche, je ne suis pas contre une bonne leçon de vivre ensemble. C’est la raison pour laquelle je me suis écartée, pour une fois, de mes axes de lecture habituels.

Je viens tout juste de finir L’homme qui voulait être heureux, de Laurent Gounelle. Une lecture brève, simple, semée d’évidences qui, pourtant, sont toujours agréables à entendre. Si je trouve la partie sur la poursuite de ses rêves un soupçon surfaite, j’ai beaucoup apprécié d'autres dimensions de ce livre, comme le rapport aux autres et les craintes sans fondements, par exemple.

Outre le message délivré, j’ai apprécié l’efficacité de la narration. Concise et accessible, elle demeure élaborée : aucun élément n’est laissé au hasard, chaque mention, personnage ou réflexion sert l’objectif final. Sans fioriture, donc, L’homme qui voulait être heureux se laisse lire tout simplement.

 Si vous avez besoin de vous aérer, de voir le monde de façon un peu plus positive, je vous conseille cette lecture. Et si comme moi vous êtes quelqu’un de gentil et serviable, Laurent Gounelle confirmera le bien fondé de votre approche !

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13 oct. 2015

Prep NaNo 2015 #3 - Vindicative

Le petit jeu est simple : piocher chaque jour un mot, rédiger une centaine de mots s'en inspirant en rapport avec un de mes personnages. Propositions appréciées, participants accueillis à bras ouverts ! ♥


C’était bien la première fois que Damon la voyait ainsi, sa moue déterminée se parant d’une étincelle belliqueuse. Bien campée sur ses talons, Eileen l’affrontait du regard sans broncher. La scène devait avoir quelque chose de très comique, en soi : lui, géant réfractaire surentraîné, et elle, frêle brindille adolescente et bourgeoise.

Il se pencha inconsciemment en avant, un brin menaçant.

Non, il n’allait pas céder à son caprice.

Il aurait s’agit de n’importe qui d’autre, Damon aurait déjà changé de technique. Dédain, agressivité, peu importait la façon : il serait passé à l’offensive. Mais comment réagir face à sa protégée qui se mettait à faire des siennes ?

Påv savait combien elle l’exaspérait pourtant.
Il soupira, et les prémices du triomphe chatouillèrent le coin des lèvres de ‘Leen.

9 oct. 2015

Prep NaNo 2015 #2 - Frisson

Le petit jeu est simple : piocher chaque jour un mot, rédiger une centaine de mots s'en inspirant en rapport avec un de mes personnages. Propositions appréciées, participants accueillis à bras ouverts !


Elle a l’habitude du frisson qui lui parcourt l’échine, électrique et grisant. Il a quelque chose de sensuel dans la façon dont le danger lui murmure sa tendresse.

Le vent la gifle avec violence alors qu’elle se hisse en équilibre sur un promontoire. La bourrasque siffle avec hargne le long des câbles à remontée mécanique, le souffle s’engouffre rageusement dans les profondeurs de la ville, charriant sur son passage les vapeurs de l’industrie.

Volta est un prédateur et Yodrin son terrain de jeu.
Quand ses proies temblent, elle frémit d’un plaisir bestial. Elle n’est qu’instinct et électricité statique.

Pourtant, alors qu’elle suivait sa cible à pas feutrés, le parfum asphyxiant de la ville s’effaça pour laisser place à une nouvelle senteur.

Elle fut prise d’un frisson qui n’avait rien à voir avec l’excitation de la traque.

7 oct. 2015

Prep NaNo 2015 #1 - Insidpide

Le petit jeu est simple : piocher chaque jour un mot, rédiger une centaine de mots s'en inspirant en rapport avec un de mes personnages. Propositions appréciées, participants accueillis à bras ouverts !  ♥


Il arpentait les couloirs chichement éclairés d’un pas traînant.

Les murs avaient-ils toujours été aussi peu décorés ? Les visages de ses confrères aussi austères ? Il lui semblait se souvenir d’un temps où il était fier d’appartenir à la Garde. Un temps où il pouvait entendre les rires des disciples dans les couloirs.

Un temps révolu, de toute évidence.

Stanislas s’ébroua et accéléra la cadence pour quitter au plus vite cette prison. Mais une fois dehors, quand il contempla alors l’immensité de la Cité Anthracite, tout lui parut bien fade. Ce qui pimentait son quotidien avait disparu, du sourire d’Eileen à l'empressement volubile de Xon, en passant par le sentiment d'appartenance conféré par la Garde.

Pour laisser place à l'insipide sentiment de vide.

5 oct. 2015

Glowing, Fading.

La lueur est toute petite d’abord, faible et effacée, elle brille par sa discrétion.
Parmi ses consoeurs, elle laisse un filet opaque l’étouffer : elle suinte la solitude dans la foule.

Puis, un beau jour, elle est gagne en intensité, tournoie, virevolte. D’un simple espoir naît l’allégresse, joie dévorante, fulgurante, qui enfle encore. Une présence, et elle iradie tout ce qui l’entoure. Un son, une voix, et elle se laisse couler en une cascade scintillante. Un murmure, un aveu, et voilà qu’elle châtoie doucement.

Par moments, elle s’ébroue et cajôle, agace d’un rayon trop vif. Malicieuse et maladroite, elle poursuit la présence, se complaît dans la joie simple qu’elle en retire.

D’autres fois, elle vacille, mais elle suit toujours le même tempo, docile. Enfin, elle trouve son rythme, elle suit la présence avec enthousiasme. Puis stagne alors, perd un soupçon de son éclat. 

Elle hésite, frémit. 
Rassemble tous ses petits photons et ose, enfin.
Elle s’élance.

Ne rencontre que le vide.

La présence s’estompe.
La lueur faiblit et erre, elle cherche, hume, déploie ses tentacules luminescents pour tenter d’aggriper ce qu’elle a égaré. Elle n’en effleure que des ombres, des souvenirs.

Peu à peu s’installent les ténèbres silencieuses.