26 mai 2013

Songe

Murmure.

C’est le vent dans les ténèbres à la recherche de son maître, les rêves, les pensées qui se chuchotent d’un être à l’autre, la douceâtre mélodie nocturne qui résonne en chaque être ; les songes qui se caressent, qui se parlent, qui hantent et chavirent, chatoyants, soyeux, ou sombres et éphémères. C’est le chant du rêve, une brise silencieuse, un frisson, une brève sensation.

Souffle.

C’est le vent dans les ténèbres à la recherche de sa proie, les songes, les cauchemars, les souvenirs qui se heurtent d’un être à l’autre, qui fusent et hurlent, symphonie de la nuit proche de la cacophonie ; les douleurs qui hantent, entonnent leur menaces, chavirent ténébreuses et insatiables, éternelles rebuts de la conscience écorchée, des regrets étouffés. C’est le mirage des erreurs, les fautes revécues, perpétuelle remise en question.

Rafale.

C’est le mugissement d’un vent furieux, la colère des morts pour les causes perdues. C’est la fin comme le commencement, c’est l’infini, l’immortelle fanfare orchestrée depuis l’au-delà, la mort qui plane autour de ceux qui ne devraient plus être de ce monde. Cela étreint le cœur, lacère les entrailles, glace le sang et terrifie, c’est ce qui agite encore et toujours le sommeil, transformant rêves en songes, songes en cauchemars. Des cauchemars si proches de la réalité, si précis, si conformes aux faits passés que jamais on ne peut y échapper.

Hémoglobine.

Écarlate voluptueux, exquise vie qui s’enfuit. Relique du temps passé, maculé encore et toujours de l’existence d’autrui, l’impardonnable faute. L’angoisse rampe depuis les tréfonds du cœur, rongent chaque part d’innocence jusqu’à la prise de conscience des horreurs.

Et alors, seulement on susurre « réveille-toi », alors vient le temps de se débattre pour s’extirper de la mélasse venteuse de l’inconscience, des remords, du passé. « Réveille-toi, réveille-toi. ». On tire, on s’essouffle à resurgir parmi les vivants, à se tortiller pour chasser le sommeil.

Hurlement.