25 mars 2015

Enelle - Horizon



The Ocean - Dead Can Dance

Son souvenir le plus ancien, c’était celui du sable humide collé contre sa joue. Du sable partout, dans ses cheveux, dans sa bouche, sur son nez, dans son cou, sous ses vêtements en loques. Elle s’appelait Enelle, et la brise mordante de l’hiver qui lui était totalement étrangère, faisait courir sur sa peau un frisson de terreur glaciale. La froide luminosité d’un ciel grisaillant brûlait ses rétines. Elle chercha à se redresser sur ses jambes si frêles ; un vertige s’éprit d’elle brièvement et un sanglot l’étouffa momentanément. Désorientée, elle fut tentée de s’échoir encore, de se recroqueviller et de laisser libre cours à ses sanglots délicieusement salés, à défaut de pouvoir se souvenir.

Jusqu’à ce que cette musique lui emplisse les oreilles. Cette mélodie ancrée en elle. Un chant de souffrance et d’espoir, des milliers de voix qui hurlaient dans sa tête, qui suppliaient, entonnaient leur désespoir avec une ferveur qui lui était si familière et étrangère à la fois. Elle pivota. Son regard se porta vers la mer, immense masse houleuse. Les vagues s’écrasaient derrière elle, caressant l’une après l’autre le sable dans une traînée d’écume.

Et elle sut qu’elle devait s’en détourner. 
Aller vers un autre horizon.

« Enelle vous frappera pas son physique singulier ; sa peau, fine et pâle comme si elle n’avait ni connu la caresse de l’air, ni profité d’un rayon de soleil en est le premier facteur. Oui, cet épiderme vous donnera l’impression d’être étrange : trop lisse, trop fin, surnaturel. Une envie vous prendra, assez obscure à votre propre avis, celle de la toucher. De savoir si cette peau est humaine. Et si ce contact vous est permis, vous y découvrirez une sensation de douceur surfaite, à vous en donner la chair de poule. 
Vous feriez alors probablement un pas en arrière, pour la contempler de la tête aux pieds. Ni grande, ni petite, Enelle est juste normale, peut-être même trop, en comparaison avec sa peau dont le contact vous a électrisé. Elle a une poitrine raisonnable et bien formée, un postérieur dans les normes, des jambes ni trop fines, ni trop larges, un pied à la pointure standard. On devine la courbe de ses épaules sous l’un de ses amples pull-overs fins, douce et mesurée. Ses mains, aux ongles toujours coupés courts, sont plutôt fines ; on les devine agiles et prestes. 
Là, le doute s’immisce en vous. Soit vous avez rêvé l’aspect de sa peau, soit elle est tout droit sortie d’une usine. Votre regard remonte sur son cou, la courbe gracieuse de son menton, ses lèvres, de la même teinte opaline que sa peau, son nez droit. Ses cheveux sont d’un blond cendré, aux boucles mesurées, presque plates dans leur ondulation, tant et si bien qu’on a l’impression qu’ils sont constamment mouillés. Une frange, un peu trop longue, dissimule son regard. 
Curieux, vous penchez la tête pour essayer de percevoir l’éclat de ses prunelles. Alors, vous êtes suffoqués. Elles sont d’un bleu intense, pareil à celui de l’océan. Si vous aviez l’occasion de la recroiser, vous réaliseriez que jamais la teinte est identique, comme changée au gré de ses humeurs et de la météo. Ces iris sont grands, réalisez-vous. Vous doutez-même qu’ils soient pourvus d’une pupille, tant leur teinte vous surprend. Non, non, vous dites-vous, ce n’est pas possible. Ce doit être à cause de sa frange. Oui, voilà de sa frange. 
Vous l’indifférez. Son regard se pose sur vous alors que vous l’observez. Malgré votre réaction, peu lui importe. Elle se détourne, allume une cigarette et reprend son chemin, mains dans les poches de son jeans, d’un pas nonchalant. Sa démarche, aussi ordinaire que sa silhouette, vous pousse à vous interroger une fois de plus sur ce que vous avez vu.  
Vous doutez. Il doit s’agir d’un don. 
Non, d’un maléfice. »


Enelle est l'un de ces personnages que j'ai joué en RP avant de vraiment lui donner vie dans mes projets. Elle est inspirée de la jolie frimousse ci-dessus, dont je ne connais pas l'artiste. Si vous avez cette précieuse information, merci de me l'indiquer, que je puisse créditer !

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