12 juin 2015

Justine Niogret - Chien du heaume

Je me suis fait une petite cure de lecture avant de manquer de temps, et j’ai notamment dans ma pile de livres en cours, Mordre de le Bouclier, de Justine Niogret. (Vous noterez d’ailleurs que la postface très enrichissante a été écrite par Jean-Philippe Jaworski).

Déjà, Chien du heaume m’avait prise aux tripes. Parce que Justine Niogret décrit tout avec une violence abrasive et met ses personnages à nu, dans un style travaillé pour refléter la langue du Moyen-Âge tout en la rendant accessible. Elle nous dépeint de façon très documentée sans être lourde un monde cruel, brut, primitif. On suit Chien, une guerrière en quête de son nom. En dépit de toute la distance qu’il peut y avoir entre la protagoniste et le lecteur, on y retrouve des thèmes qui nous touchent : la laideur présumée de Chien, le besoin identitaire et celui d’appartenance, l’errance. Le côté abrupt de son récit est contrebalancé par un brin de poésie, des non-dits qui donnent une douceur insoupçonnée aux personnages. Quant à la cruauté, elle est illustrée d’images qui s’impriment dans l’esprit aussi certainement que la scène du bébé dans le film Trainspotting.

Sa suite, Mordre le bouclier, me fascine davantage encore. Bien sûr, au départ, j’étais assez déçue par l’orientation que prenait le livre : Chien subit les séquelles, Bréhyr n’était pas un de mes personnages favoris, et puis, je me demandais comment la vie au castel allait se jouer, si les sous-entendus du tome précédent mèneraient quelque part. Mais bon. Ce n’était que le début, et le chemin qu’emprunte Chien n’a rien de décevant par la suite.

Finalement, il y a toujours cette violence omniprésente, ces mots crus, ce style envoûtant. Mais la dimension psychologique est d’autant plus travaillée que la folie est omniprésente – répugnante et alarmante, elle inquiète, angoisse, nous tient en haleine. Et puis, on découvre tout un tas de nouvelles facettes de Chien, qui la rendent plus attachante encore. Sous l’écorce bien épaisse de la guerrière, il y a une sensibilité qu’on ne fait que soupçonner avant.

En bref, ce sont là deux livres à lire absolument. Aussi aigres que subtils, très riches en images sanglantes ou merveilleuses, avec une pointe de fantastique qui ne fait qu’intriguer encore plus, Chien du heaume et Mordre le bouclier sont des perles.

 

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