Vos
bouilles me sont familières.
Là,
je vous croise au détour d’une rue, d’un bar, vous êtes souvent de la même
tranche d’âge. Un sourire, une expression, et soudain, une impression de déjà-vu
m’assaille. Pourtant, j’ai beau me creuser la tête, rien ne vient : nous
sommes d’horizons trop différents, vos noms m’échappent que trop et il faut se
rendre à l’évidence : nous nous sommes jamais croisés. Le monde est
peut-être petit, ma mémoire l’est moins et, en toute franchise, ma vie d’ermite
ne m’a certainement pas donné l’occasion de vous croiser par le passé.
Alors pourquoi vos minois me sont-ils si familiers ?
Pourquoi appellent-ils tant à la réminiscence ?
Je creuse, je creuse encore dans mes souvenirs, je les
effleure, je récapitule, acharnée. Pas pour vous chercher vous, inconnus, mais
là, votre doublon, votre sosie, le détail ou la caractéristique qui,
invraisemblablement, vous lie à un autre, une connaissance lointaine. Parfois,
c’est la façon dont votre sourire s’étire dans vos yeux. D’autres, le rebondi
délicieux de vos joues quand vous boudez ou encore le froncement de vos
sourcils qui assombri si bien le regard.
Il suffit d’un rien, parfois, pour se sentir chez soi.
« Des visages, des figures
Dévisagent, défigurent
Des figurants à effacer
Des faces A, des faces B
Appâts feutrés
Attrait des formes
Déforment, altèrent
Malentendu entre les tours
Et c'est le fou
Qui était pour... »
Des visages, des
figures — Noir Désir
1 commentaire:
Un texte juste et touchant que je garderai quelque part dans ma tête ou mon disque dur. Mais on savait déjà que tu avais du talent ; ).
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