Ce fut la première chose qu’Oriane remarqua en chassant la
poussière d’un geste prudent : les arabesques sur le sarcophage qui
scintillaient délicatement à la lueur de la torche. Les flammes dansaient sur
l’électrum pour faire honneur au défunt.
— L’endroit est intact, s’émerveilla-t-elle.
À des centaines de mètres sous terre, la chaleur était
presqu’intenable. Mais l’ampleur de la découverte rendait les désagréments
ridicules. Thomas pénétra à son tour dans la pièce et s’empressa de prendre des
notes, tout en marmonnant tout un tas de choses probablement fascinantes. Le
reste de l’équipe marquait consciencieusement le chemin pour permettre au reste
des chercheurs de les retrouver au plus vite.
— Allez, au travail, Oriane, souffla-t-elle pour elle seule.
Elle pria Thomas d’arrêter de gigoter et de ne pas
l’approcher, puis elle ôta ses chaussures et s’assit dans le tombeau, ouvrant
son esprit à un autre temps, cherchant un maigre flux d’énergie qui permettrait
à son esprit de voyager, d’en apprendre plus. Parce ce que c’était son
métier : Oriane explorait aussi les méandres du temps quand les voiles des
époques s’estompaient sur les sites inviolés et les lieux de cultes.
La pierre l’emmena dans les carrières, sous le soleil de
plomb. Les manuscrits les transportèrent dans les marécages du delta du Nil,
parmi les papyrus luxuriants. La momie elle-même l’emporta auprès du défunt
lors du rituel fascinant – quoi que peu ragoutant – de l’embaumement de la
dépouille. Elle puisa ainsi dans chaque objet, chacun menant à un filon de
vestiges, de souvenirs, de savoirs.
L’électrum lui conta l’histoire d’une femme aimante et bénie
des dieux, qui laissait ses bijoux aux artisans pour qu’ils puissent être
fondus et incorporés aux ornements du sarcophage. Ce dernier hommage laissa à
Oriane un sentiment d’infinie tendresse, un sentiment si frappant qu’elle
quitta instantanément sa transe.
Du bout des doigts, elle effleura encore le métal chaud dans
la moiteur du tombeau. Un sourire naquit sur ses lèvres.
— Que se passe-t-il ? l’interrogea Thomas, intrigué.
— Je crois que l’électrum a de très jolies choses à me
raconter, répondit-elle à voix basse, respectueuse.
Et elle remonta le fil des souvenirs de l’alliage,
impatiente d’en découvrir plus.
Petit texte pour un défi "un jour, un mot".
Je pense que j'exploiterai le contexte de façon plus approfondie plus tard !
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