Le
bruit de la porte qui se refermait sur Damon sembla résonner de longues minutes
dans l’esprit d’Eileen. L’appartement, soudain désert et silencieux, ne
reflétait plus que sa propre solitude. Immobile, elle laissait ce sentiment
vide s’exprimer en elle ; ne pas penser, ne pas s’apitoyer, ne rien prévoir,
juste laisser les échos se répercuter dans le néant, juste se laisser aller à
cet état second.
Les
couleurs de la pièce ternirent, le côté accueillant et chaleureux du petit
salon laissant peu à peu place à une grisaille atone. Les photos sur les murs
n’étaient plus que de lointains souvenirs, qui dansaient paisiblement,
douloureusement dans son esprit.
Le
triste constat s’imposa à elle : très vite, elle se sentirait pitoyable.
Elle plongerait dans cet abysse de chagrin, se noierait dans sa peine,
étoufferait de désespoir. Le manque la consumerait en une lente agonie, la
solitude éparpillerait son âme, anéantissant sa confiance en elle. Elle se
recroquevilla un peu plus sur le canapé, laissa quelques larmes silencieuses
creuser des sillons salés sur ses joues. Là aussi, le changement viendrait très
vite ; la peine silencieuse allait peu à peu se muer en sanglots
dévastateurs.
Et
dans un futur plus lointain, elle surpasserait le stade d’épave. Lentement,
elle se remettrait à penser à elle, à continuer à vivre. Lentement, elle
remonterait la pente, seule, à la force de sa propre volonté. Car, enfin, elle
aurait oublié quels étaient ces magnifiques sentiments.
Seule
reste la solitude, quand on a oublié à quoi ressemble le bonheur.
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